Choix du test Rp :
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Citation :

Cela fait plus de 5 mois que vous savez ce que vous êtes, novice ou expérimenté, vous êtes un Changelin. Peut-être même que vous n'avez pas ouvert complètement les yeux, qu'importe votre situation, elle ne vous empêche pas d'être là, dans ce restaurant, en bonne compagnie ou seul(e). Autour de vous, il y a de nombreux clients, souriants, venant chercher du réconfort ou un diner romantique avec une dernière conquête. Le serveur s'approche, attend votre commande et se fait bousculer par un homme qui vous observe un peu plus longuement que les autres. Le repas se termine et vous vous levez pour rentrer chez vous, en dehors du restaurant, cet homme est encore là, vous observant.. vous suivant même jusqu'à chez vous, ou la destination que vous avez prise. Ce n'est qu'une fois que vous vous retrouvez seul(e) qu'il vous pointera d'une arme en hurlant qu'il sait ce que vous êtes et qu'il mettra fin à votre existence. Oui, vous êtes seul(e), mais des immeubles vous entourent, il est possible qu'un inconnu regarde par la fenêtre par exemple.. Que faites vous ? Que ressentez-vous à cet instant ? Essayez d’être inventif dans votre manière d’écrire ce rp, ne faites surtout pas intervenir tous les Personnages non joueurs, ni dans aucun mouvement, ni dans aucune parole comme vous le ferez pour un rp tout à fait normal. Cependant vous avez le droit d’utiliser un ou deux Personnage Non Joueurs si besoin, pour étoffer votre rp. C’est à vous ! Bon courage !

Délicieux. Ce poisson était vraiment délicieux. L’homme s’essuya coquettement la bouche avec le bout de sa serviette de table avant de boire une petite gorgée de son verre de vin blanc. Il était vêtu d’une simple chemise blanche, sans plis ni tâches et boutonnée jusqu’au cou, accompagné d’un pantalon en lin noir. Un chapeau melon, tout aussi noir que le pantalon, était accroché sur le coin de la chaise tandis qu’une canne était suspendue au dossier, par-dessus une veste noire, elle aussi en lin. L’homme était seul à sa table mais ne semblait pas peiné pour autant. Il appréciait pleinement son repas, contrairement à celui-là. L’homme se souvenait encore la façon dont il avait été dévisagé : un mélange de peur et de dégoût. D’autres auraient été touchés par une telle attitude, mais pas lui. Imperturbable, il avait passé sa commande auprès du serveur récemment bousculé et avait dîné tranquillement, comme si de rien n’était.
Une fois la note réglée, il s’était levé pour enfiler sa veste puis avait empoigné sa canne et son chapeau qu’il ne mit sur la tête qu’une fois dehors. La première chose qu’il vit en sortant du restaurant fût ce même homme qui l’avait dévisagé avant le repas. Tapi dans l’ombre du trottoir d’en face, ce dernier l’observait et seule la lueur de sa cigarette en bouche trahissait sa présence dans cette nuit sans lune. Faisant comme s’il ne l’avait pas vu, il réajusta son chapeau melon sur sa tête et prit à droite. Bientôt, un bruit de pas se fit entendre dans son dos et un sourire en coin apparut sur le visage de l’homme chapeauté. Il marchait à un rythme soutenu mais pas trop, et derrière, son poursuivant en faisait autant. La scène de course-poursuite-au-ralenti dura plusieurs minutes, le temps de traverser une bonne partie de la ville puis, au détour d’une rue un peu moins peuplée que les autres, le chasseur se décida à agir. D’une voix puissante, mais légèrement tremblante, il annonça qu’il savait à qui il avait à faire et qu’il ne lui permettrait pas de vivre une seconde de plus… mais le savait-il vraiment ? L’homme au chapeau melon, toujours de dos, s’était arrêté net dans ses pas quand il avait entendu l’injonction. Pourtant, aucune peur ne se lisait dans ses yeux. À la place, c’était presque… du plaisir. Sans même se retourner, il savait qu’une arme était pointée sur lui au bruit distinctif que faisait le baril de l’arme. Droit comme un pique, les deux mains appuyées sur sa canne, l’homme ne bougeait toujours pas. Amusé, il se moquait intérieurement de la naïveté de son poursuivant. Ce dernier pensait sûrement avoir repéré un monstre et l’avoir suivi pour le tuer, alors qu’en vérité, le monstre s’était subtilement montré afin d’être vu par son poursuivant. À l’inverse du chasseur qui devait être tombé par hasard sur sa proie, lui n’avait pas choisi cet humain au bonheur la chance. Cet humain était sa mission et pour l’instant, tout se déroulait comme prévu.

Un rapide regard alentour lui permit de sonder les environs à la recherche de petits curieux. Hors de question d’être vu par un témoin gênant, sa mission requérant une discrétion absolue. Heureusement pour lui, le chasseur semblait être tout aussi consciencieux puisqu’il avait attendu que tous deux se trouvent dans une rue déserte. Il n’y avait donc pas un chat en vue, que ce soit dehors ou aux diverses fenêtres adjacentes. Le « monstre » baissa ensuite les yeux au sol et se retint de jubiler quand il vit l’ombre de son agresseur s’étaler sous ses pieds à lui. Son plaisir fût interrompu par la désagréable sensation de fer derrière sa tête. L’humain avait rapproché son arme et bien qu’elle ne le touche pas directement, la simple proximité du métal maudit lui donnait la nausée.

Pour la première fois depuis la menace, il se décida enfin à bouger. D’un geste lent, il leva les bras au ciel, feignant de se rendre à son agresseur, et déclara d’une voix en apparence peu assurée :

- Ne… ne tirez pas ! Je suis pas celui que vous croyez…

À ses pieds, l’ombre commençait à fluctuer et presque se liquéfier. Imperceptible à l’œil nu, il s’enfonça de quelques millimètres à peine dans l’ombre et tourna la tête de trois-quarts afin que l’homme puisse bien voir son visage. Loin du visage apeuré auquel il devait s’attendre, le « monstre » arborait un sourire sadique plus effrayant qu’effrayé. Sur un ton cette fois bien plus sûr de lui, mêlant moquerie et sadisme, il ajouta :

- … je suis bien pire !

À peine avait-il parlé qu’il s’était fondu dans l’ombre à ses pieds, laissant le chasseur seul au milieu de la rue et probablement confus. Tapi dans l’ombre de l’humain, très certainement un Exterminateur, Seisyll D. Spade n’avait plus qu’à attendre son heure. Le Changelin avait de nombreuses casquettes à son actif. Cela allait de l’informateur à l’espion, en passant par cambrioleur et toutes sortes de professions à la limite de la légalité, pour ne pas dire de l’autre côté. Mais ce soir c’était une toute autre casquette qu’il portait. Celle de l’assassin et dissimulé dans l’ombre de sa cible, il attendait l’instant propice.
Si l’on avait pu croire au premier abord que l’humain chassait le Changelin, il n’en était rien. Depuis le tout début, le chasseur et la proie n’étaient pas ceux que l’on pensait. Un piège vicieux avait été tendu, et la proie s’y était jetée. Elle guetterait maintenant les ombres jusqu’à ce que la fatigue ou l’inattention prenne le dessus, et alors il frapperait telle la Mort, froide, implacable, impitoyable…

- 29 Février 1892
Ses pieds faisaient grincer les vieilles planches du couloir tandis qu’il se dirigeait vers sa chambre. C’est alors qu’il remarqua la lumière chancelante, typique d’une bougie, filtrer sous la porte. À pas de loup, il s’en approcha, et ouvrit la porte.

- Colin ! Il est tard, dépêche-toi d’éteindre et de dormir !

Le petit garçon sursauta et se tourna vers son père.

- Oui Papa, bientôt, je veux finir mon livre d’abord…

- Il est tard, tu le finiras demain. Sachant que son fils ne l’écouterait probablement pas, il ajouta : Et crois-moi, tu ne veux pas que Dorchadas vienne te chercher.

- Dorcha-quoi ? s’interrogea Colin.

Son père sourit discrètement, puis reprit d’un air entendu.

- Dorchadas, le monstre de l’ombre. Toutes les nuits après minuit, il rôde dans les ombres à la recherche de petits garçons qui ne dorment pas. Vois-tu, Dorchadas aime se nourrir des petits garçons et le seul moyen de se protéger contre lui est de dormir.

Colin resta figé quelques secondes avant de rire nerveusement.

- Papa, tu racontes n’importe quoi ! Si ce monstre existait vraiment, pourquoi est-ce que je serais en sécurité en dormant. À mon avis ce serait même pire puisque je ne le verrais pas arriver… donc là, t’es plutôt en train de m’encourager à pas dormir.

- Tu crois ça ? Pourtant c’est très simple, en dormant, tu t’enfonces dans le Royaume des Rêves où tu es sous la protection des Fées. Dorchadas ne peut pas s’approcher des petits garçons qui sont sous leur protection et plutôt que de se battre contre les Fées, il préfèrera chercher une autre proie qui se croit plus maline que lui… enfin tu fais comme tu veux, moi je t’aurais prévenu. Bonne nuit Colin.

Et son père partit se coucher sur ces entrefaites, tout fier de la petite histoire qu’il venait d’inventer. Colin, lui, se dit que son père avait dû trop boire pour raconter des bêtises pareilles. Un monstre qui rôdait dans les ombres ne pouvait pas exister… Et pourtant, alors qu’il balayait la chambre de ses yeux, il lui sembla soudain que quelque chose bougeait dans les ombres… À un moment, il crut même y voir des yeux l’observer. Sentant la panique le gagner, il souffla hâtivement sa bougie et s’allongea droit comme un piquet dans son lit en fermant les yeux. Dans sa tête, il se répétait les mots suivants : Dors Colin, Dors !, comme une formule magique.
Ce soir-là, la légende de Dorchadas était née…
Ailleurs au même moment, un petit garçon voyait le jour. Un petit garçon prénommé Seisyll.

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Tout jeune déjà, Seisyll sentait qu’il n’était pas comme les autres. Les autres enfants le fuyaient comme la peste et refusaient de jouer avec lui. Ses parents ne semblaient pas l’aimer comme des parents étaient censés le faire. Là où tout le monde aimait jouer dehors en plein soleil, lui préférait se cacher dans l’obscurité. Bref, il était différent et tout dans la vie le lui rappelait.
Cela ne s’arrangea pas en grandissant. Seisyll devint quelqu’un d’asocial et morose que tout le monde évitait. Lui-même s’évitait presque. La vie n’avait pas de saveur, elle était terne, grise et déprimante. Son seul réconfort, il le trouvait dans l’ombre. Non ce n’était pas une métaphore, Seisyll se complaisait réellement dans l’obscurité. Le noir l’attirait, l’appelait. Là où tout le monde y voyait un froid glacial, à l’opposé de la lumière chaleureuse, lui y voyait des bras réconfortants qui ne demandaient qu’à l’accueillir.
Un jour, alors qu’il végétait dans le noir comme souvent, il lui sembla que quelque chose bougeait dans le coin de la pièce. Il voulut s’en désintéresser, blasé de la vie qu’il était, mais sans comprendre pourquoi, il en fût incapable. Au lieu de cela, il se leva et s’en approcha. Une fois dans le coin de la pièce, il vit qu’il n’y avait rien de particulier à voir, à part le mur. Il n’avait pourtant pas rêvé, quelque chose avait bien bougé… non ?
Comme en réponse à sa question muette, le mur se mit à fluctuer. Non, ce n’était pas le mur en soi, mais l’ombre sur le mur qui bougeait. Curieux, Seisyll approcha sa main et à son contact, l’ombre ondula comme si c’était de l’eau. D’abord surpris par le contact visqueux, il recula vivement sa main, mais rapidement la curiosité reprit le dessus. Il reposa sa main sur l’ombre, qui réagit de la même manière en laissant apparaître des cercles concentriques autour de sa main. Puis Seisyll enfonça encore un peu sa main et, oh miracle, son avant-bras tout entier passa à travers le mur !
La sensation était bizarre. Il ne voyait plus son bras et pouvait dire qu’il ne ressortait pas de l’autre côté du mur. Pourtant, ce n’était pas comme s’il l’avait perdu, car il ressentait toujours la présence de son membre… juste sous une forme différente. Bien décidé à ne pas en rester là et pousser l’expérience au maximum, il continua d’avancer dans l’ombre jusqu’à y avoir passé le bras entier puis, après avoir pris une bonne respiration (sait-on jamais), la tête aussi.
À l’intérieur, tout était différent. Son corps n’existait plus sous forme de matière mais était dissous dans l’ombre. Sa vision rappelait celle des mouches avec leurs multiples facettes : Seisyll voyait simultanément tout ce qui était visible depuis l’ombre, et comme la pièce était dans le noir, il avait une vision complète de toute la pièce et sous tous les angles. Après avoir suffisamment admiré le panorama, il ressortit de l’ombre, d’une simple pensée. Une lassitude subite s’empara de lui, mais contre toute attente, il éclata de rire. Un rire sombre et tonitruant…
Il avait toujours su qu’il était différent, et aujourd’hui enfin, il en avait la preuve. Il n’était pas un simple mortel, mais bien plus que cela. Voilà pourquoi il ne s’était jamais senti à sa place dans ce monde !

Peu après la découverte de ses pouvoirs, Seisyll vit de plus en plus de signes surnaturels et ne mit pas longtemps à découvrir sa véritable nature, ainsi que la légende qui lui était associée.
C’est ainsi qu’il finit par arriver en Arcadie, le Royaume du Songe. À partir de là, tout s’accéléra : une fois passées les merveilles de la découverte du Royaume, Seisyll fit la rencontre des Nightingale, la famille au pouvoir, et plus particulièrement de la deuxième des trois sœurs et Princesse, Athenahys. Ce fût elle qui le remarqua, l’assimilant à un diamant brut qui ne demandait qu’à être forgé selon ses désirs. Cela n’avait rien de sentimental, c’était purement stratégique : Seisyll pouvait servir sa cause à condition d’être modelé correctement. Instinctivement, la Princesse sentait la rancœur qui habitait le jeune Changelin, cette rancœur née du rejet constant qu’il avait pu subir lors de sa vie humaine. Ce fût elle qui canalisa cette rancœur. Maîtresse de la douleur, au sens propre, elle le forma pour en faire une arme mortelle à son service. À la fin de sa formation, elle le gratifia d’un présent qui l’accompagne encore aujourd’hui, une canne-épée dont la lame était en argent massif et le baptisa de son « nom d’artiste » : Six de Pique.

En dépit de toutes ces années en Arcadie, c’est sans conditions que Seisyll a suivi la Princesse dans le Monde des Ténèbres. Elle est son employeur, sa maîtresse et celle qui a su donner un sens à sa vie, il suivra donc ses ordres jusqu’à la mort.